Introduction

            Les leviers............................d'un nouveau paradigme


L'école reproduit les inégalités sociales, souvent malgré elle, nous le savons depuis une quarantaine d'années, mais l'école a échoué dans un autre objectif : permettre à chacun de trouver sa place à l'école mais aussi en France et dans le Monde. Les dérives extrêmes d'une certaines partie de la jeunesse des pays occidentaux, désabusée par ce que la société lui propose, le montre. L'école est une partie de la solution aux problèmes de l'humanité en général et à celui-là en particulier.

Une école qui voudrait vraiment changer le monde devrait donc pouvoir :
-permettre à chacun de réussir quelques soient ses origines sociales ou culturelles.
-garantir l'acquisition de compétences fondamentales solides.
-donner à chacun un bagage culturel solide et ambitieux qui lui permette de comprendre le monde et d'y trouver sa place, d'y construire son identité.

Pour répondre aux attentes des peuples et aux défis lancés à l'humanité pour le futur, l'enseignement devra tenter d'être à la fois universel, interdisciplinaire, explicite, ambitieux et individualisé.

Universel : Le socle commun des compétences, inscrit dans la loi française depuis... et proche d'autres programmes scolaires européens, est un outil intéressant en terme de contenus didactiques pour atteindre notre triple objectif, mais certains points manquent cruellement d'universalité, correspondent à une conception franco-centrée du monde. Pourtant, Internet, les réseaux sociaux, la circulation de l'information ou de la désinformation, mais aussi les différents flux migratoires amènent les jeunes générations à être en contact avec le monde, même si pour certains, leurs racines culturelles sont uniquement en France. Pour de nombreux élèves, cette interculturalité vient aussi de leurs racines. Des programmes scolaires adaptés à la globalisation de ce début de millénaire se doivent d'adopter un point de vue universel, avec comme espace de référence le monde entier, et comme temps de référence l'histoire de l'humanité ! Cette vision universelle du savoir sera porteuse envers les enfants d'origine étrangère bien sûr, mais donnera des clefs pour réussir dans le monde à tous les enfants !

Individualisé :Les avancées de la fin du vingtième siècle en didactique ont permis de mettre en évidence avec beaucoup plus de précision de quelle manière se font les acquisitions. Bon nombre de méthodes de lectures assez récentes par exemple, prennent parfaitement en compte les différentes dimensions de cet apprentissage et construisent une progression extrêmement cohérente. Mais un problème subsiste avec force dans les classes : l'hétérogénéité. Au jour j de la rentrée du CP qui correspond à la page 1 de la méthode de lecture, certains élèves de la classe de CP ont exactement le bagage qu'il faut pour commencer cette progression. D'autres ont un bagage beaucoup plus solide et vont s'ennuyer, et surtout, d'autres n'ont pas le bagage nécessaire et ne vont pas pouvoir suivre la progression de la méthode. Ils seront perdus rapidement et ne profiteront que d'une portion réduite des séances de lecture. L'exemple de la lecture montre que l’échec scolaire a peu de chance d'être efficacement combattu si on propose la même chose à tous les élèves d'une classe d'âge. La progression est bonne, la méthode est bonne , mais tous les élèves ne sont pas prêts au même moment pour s'y atteler. La réponse est l'individualisation des parcours, qui est nécessaire lorsqu'on parle des compétences fondamentales, en particulier savoir parler, lire, écrire, compter mais aussi comprendre et débattre.

Ambitieux : Parfois, l'enseignement se limite à l'apprentissage d'outils. Savoir écrire avec une graphie correcte, savoir compter jusqu'à 29 avant 6 ans, savoir poser une division, savoir conjuguer un verbe du premier groupe au passé simple de l'indicatif... On évalue l'élève sur la maîtrise de cet outil. Mais on lui demande rarement, certaines années pas du tout, d'utiliser ces outils, de choisir ses outils. Et pourtant, quel est l'intérêt d'avoir un marteau extrêmement performant dans la poche si on ne plante jamais de clou ? Quel est l'intérêt de maîtriser le passé simple si on n'écrit pas de littérature avec une alternance passé simple/imparfait ? Nous avons du mal à le voir et nos élèves aussi. Certains bons petits soldats, parce qu'ils veulent ou savent qu'ils doivent réussir à l'école, parce qu'ils veulent faire plaisir à leurs parents ou à leurs enseignants, parce qu'ils sont tellement affamés de savoirs qu'ils ne trient pas ce qui a un intérêt ou pas, n'ont pas besoin de savoir si un outil va servir pour faire en sorte de l'acquérir. D'autres élèves ne s'intéresseront à un outil que si ils se rendent compte qu'ils en ont besoin. Ma main ne suffit pas pour planter un clou ? Fais-moi voir, maîtresse ce marteau que tu me proposes ! On doit partager équitablement un sac de bonbons pour un anniversaire deux minutes avant que ça sonne ? C'est quoi déjà cette division, dont le maître a parlé l'autre fois qui permet de faire ça vite et sans se tromper ? Travailler des outils à longueur d'année sans les utiliser, c'est montrer aux élèves que l'école n'a pas de sens, qu'elle est coupée de la réalité de la vie. Certains élèves ne s'y trompent pas ! Il faut donner du sens aux apprentissages fondamentaux en les utilisant dans des activités complexes les mettant en jeu, c'est à dire dans des activités qui convoquent plusieurs compétences : la production d'écrit, la résolution de problèmes, le travail autour de conférences, le travail autour d'un blog, la production artistique... ce sont ces tâches complexes qui doivent être privilégiées, qui mettront en évidence des besoins qui donneront du sens aux autres apprentissages. C'est en particulier cela que j'appelle un enseignement ambitieux. En étant explicite, il s'agira donc de trouver un équilibre entre les tâches complexes et les apprentissages fondamentaux, en ne perdant pas de vue que les compétences visées à la fin par le socle commun ne sont pas simplement la maitrise d'outil.

Explicite : Pourquoi on fait ça, comment on va faire, pourquoi moi je fais ça et lui il fait autre chose, à quoi ça sert d'apprendre ça, qu'est ce qu'on va faire cette année, à quoi ça sert de venir à l'école ? Les élèves se posent ces questions, et bien d'autres, auxquelles nous apportons rarement une réponse sérieuse. J'ai grandi à une époque où il était naturel pour les élèves d’obéir, de travailler, de faire leurs devoirs, de suivre aveuglément leur pédagogue vers le savoir, d'accepter le savoir présenté par l'enseignant comme une vérité, … Aujourd'hui cela a changé. De nombreux élèves ont besoin de se mettre individuellement en projet d'apprenant. De savoir pourquoi et comment on va acquérir une compétence. Pour donner la possibilité à tous les élèves de construire leur projet
, l'enseignement doit être le plus explicite possible : Les élèves doivent savoir pourquoi, et comment on apprend., a quel moment la tâche va être simple ou complexe, quels sont leurs besoins, quels sont les programmes fixés par le Ministère de l’Éducation Nationale, pourquoi on individualise, où ils en sont dans un apprentissage, ce qui est exigible d'eux en fin d'année, en fin de cycle, en fin d'école... La mise en œuvre d'un enseignement explicite a d'énormes avantages annexes : il explique aussi aux parents, et aux autres enseignants le pourquoi et le comment, il permet surtout de s'interroger soi-même sur le sens de notre enseignement sur le pourquoi et le comment...

Interdisciplinaire : Les élèves qui bénéficient d'un environnement culturel riche et nourri par les échanges fréquents avec des adultes construisent une forme d'intelligence particulière : la capacité à faire des liens. Ce n'est pas le cas de tous. L'école doit remédier à ce manque dans l'environnement extérieur de certains enfants tout en développant chez tous très solidement cette capacité. Le cloisonnement des disciplines scolaires ne permet pas toujours le transfert des concepts, des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être. L'interdisciplinarité donne du sens aux apprentissage car elle donne une vision réaliste du monde. La compréhension du monde est bien interdisciplinaire, et lorsque les disciplines sont cloisonnées sans lien entre elles, une partie de cette compréhension reste inaccessible pour les élèves, en particulier les moins privilégiés par leur environnement familial. Le croisement des disciplines autour d'un même thème pendant la même période permet par exemple de multiplier les occurrences du lexique propre au thème dans des contextes différents, ce qui en favorisera l'acquisition. Cette continuité horizontale, entre les différents moments de la semaine et de la journée, permet aux élèves de savoir où ils vont, d'avoir la sensation d'avancer , de pouvoir constamment réinvestir ce qu'ils viennent de comprendre, d'apprendre.

Les pistes que je propose : 

La question de l'universalité et de l'interdisciplinarité trouveront ici une réponse commune. Chaque période de l'année scolaire pourra être consacrée à un espace culturel différent. Ces espaces seront choisis au cours de la scolarité dans trois groupes : communs à tous (pour nous, la France par exemple), proches des origines de certains élèves (Afrique du nord, Europe de l'Est, Afrique Sub-saharienne... si on a dans la classe des élèves qui ont des origines dans ces régions du monde), lointains culturellement pour les élèves, mais chargés en enjeu humaniste (par exemple Australie/Océanie).  

Conduire un enseignement explicite et ambitieux, par projets interdisciplinaires, en particulier autour d'espace culturel, en individualisant le parcours de chaque élève dans les compétences fondamentales en fonction de ses besoins .  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire